Papiers d'identité
Ici aucun « Vertige de la page blanche », aucune peur du vide.
La page est une étoffe, un matériau de construction pour Flo Arnold.
Comment imaginer qu’entre ses mains les papiers se transforment en
magie pour nous offrir son univers ?
Ces feuilles de papier qu'elle déploie, découpe, encolle, froisse,
s'organisent lentement dans un jeu d'assemblage dont elle seule
connaît l'issue.
Ses papiers de « Soi » viennent, sous son impulsion, s'agripper à des
armatures en laiton noirci que la plasticienne tisse à son gré dans
ses ateliers.
Cette charpente laisse transparaître des lignes qui nous dessinent le
squelette de l'œuvre.
La lumière émise de l'installation radiographie le tout et nous livre à
son tour l'ossature de ces formes organiques imbriquées les unes dans
les autres dans ce halo lumineux.
Ces boursoufflures de papiers, ces ammonites nuageuses, ces nuées
d'albâtre envahissent les surfaces telle une végétation luxuriante
reprenant ses droits.
Flo Arnold adapte à l'espace ses installations pour apporter du sens à
l'architecture, souligner des détails, guider l'œil, toucher le cœur,
embellir et élargir la vie.
Et puis la plasticienne aime s'essayer à d'autres réponses, elle
propose un travail graphique complémentaire qu'elle nomme topographie
du vide, des sens.
Sur son support de prédilection elle trace, découpe, crée des nuances
pour nous offrir des cartes de l'âme, peut-être des plans secrets de ces
installations ou des cartes au trésors des différents pays qui ont
accompagné son enfance africaine.
Elle poursuit en parallèle son travail sur le corps qu'elle a
commencé il y a une quinzaine d'année, des nus classiques d'un
érotisme fou issu de sa passion pour la danse et sa connaissance
assidue du corps.
Aujourd'hui ils deviennent à leur tour des dessins de l'intime
mêlant formes et chairs évanescentes, ces lignes bouleversantes de
vérité cartographient notre existence.
Sa vie à toujours été au cœur de son œuvre, les pieds nus dans la
latérite de son enfance, les pieds nus sur scène dansant l'orientale
et aujourd'hui encore sur la pointe des pieds en recherche permanente
de créations.
Son œuvre fait du bien, cette générosité Flo Arnold la possède en
elle, c'est son moteur intérieur.
« Le merveilleux est toujours beau, il n'y a même que le merveilleux
qui soit beau » écrivait André Breton.
Christophe Miralles plasticien, curator